L'architecture supposée
du bateau vénète
La recherche en archéologie maritime part d’épaves retrouvées et explorées,
celles-ci peuvent être plus ou moins complètes .
On ne dispose d’aucune épave du navire vénète mais principalement d’une description de Jules César
dans « La guerre des Gaules ».
Une étude d’archéologie comparée à partir d’épaves supposées similaires est à la base de notre tentative de restitution ; l’épave signalée comme probablement la plus proche serait l’épave Blackfriars 1 (Figure 1)
retrouvée à Londres en bordure de la Tamise.
Une hypothèse de reconstruction a aussi été proposée par R.Y Creston (Figure 2 ) en 1956, mais elle est discutable sur certains points. A la place des poulies sur les écoutes, on voit la représentation d’anneaux de friction tels qu’on les voit réapparaître sur des navires de régate récents.
En fonction de ce que l’on sait et de ce que l’on peut déduire des connaissances archéologiques, le navire vénète serait un navire de charge construit en chêne, sur sole, à franc-bord, avec un creux important,
la proue et la poupe relevées.
La technique de construction serait « proto-membrure première », c’est à dire avec des allonges actives fixées
aux varangues (figure 3) et servant donc de « proto-membrures » pour un type de construction intermédiaire
entre la construction « bordé premier » et la construction « squelette premier » qui n’est apparue que plus tard.
Il n’y aurait eu qu’un seul mât avec une voile carrée. Un aviron de gouverne, sur tribord, permettait de contrôler la route. Les navires vénètes avaient des ancres en fer et des chaînes de mouillage (figure 4),
ce qui était très en avance sur leur époque.
Avec ce type de construction « proto-membrure première », le navire vénète est sans doute une étape intermédiaire dans l’évolution de l’architecture navale depuis le bateau monoxyle (taillé dans un tronc unique)
jusqu’au navire construit sur quille « membrure première »,
comme dans l’évolution des navires fluviaux ou d’estuaire vers des navires hauturiers.